L’élégance en quatre saisons [Ma Saison préférée, André Téchiné, 1993]

Ma Saison préférée

Dans le sud de la France, un frère et une sœur se retrouvent. Daniel Auteuil et Catherine Deneuve, l’un toujours habillé de bleu, l’autre de jaune, vont faire le bilan de leur vie. Tandis qu’ils se rapprochent l’un de l’autre après trois années de silence, leur mère se rapproche de la mort. Là où le temps n’a plus d’emprise sur Berthe, il permet à Antoine et Emilie de se confronter à leurs choix, remords et regrets. Drame qui met en scène la difficulté des rapports familiaux, Ma Saison préférée se révèle aussi pudique qu’enflammé, aussi poignant que distant.

La fine plume d’André Téchiné nous emmène pendant quatre saisons à vivre l’amour fusionnel, exclusif, voire incestueux d’Antoine et Emilie. Entre le vertige des retrouvailles et la douleur de se séparer, ils essayent de trouver leur place dans le monde, avec toujours cette angoisse qui se dessine en creux : celle de la mort, de la solitude et de l’abandon. Téchiné (avec élégance, toujours) sait dépeindre les sentiments tumultueux, les hésitations et les douleurs. Les jeux de regards, la beauté incandescente de Deneuve, la fragilité d’Auteuil et le temps qui passe dominent cette œuvre douce et toute en modestie.

La caméra se veut proche des corps, comme si elle cherchait quelque chose, observant les visages pour mieux les décrypter. Il est impossible de prévoir le plan suivant, car Téchiné lui-même ne sait pas ce qui va advenir de ses personnages claudiquant, s’effondrant ou roulant à toute vitesse en pleine nuit. C’est d’ailleurs cette fausse mise en scène d’improvisation qui fait la beauté de Ma Saison préférée. Des coupures brutales ou des changements d’axes agressifs à l’image de l’amour et de l’émotion omniprésents, pour qu’à chaque instant ils puissent trouver une liberté qui les sauve.

Aimée Le Roux

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