Sous la Terre, la science-fiction [La Jetée, Chris Marker, 1962]

La-Jetée

Au lendemain de la Troisième Guerre mondiale, Paris est complètement détruite. Les hommes ne vivent plus que sous terre, empreints de souvenirs d’un passé plus gai, plus doux. Davos Hanich fait partie de ces hommes, obsédé par le visage de la belle Hélène Châtelain, ce visage qui se tourne vers lui, les cheveux volant autour de ses joues. Qui est-elle? Que fait-elle, là, sur la jetée de l’aéroport d’Orly? Davos ne l’apprendra que suite aux expériences dont il est le cobaye…

En effet, depuis la destruction nucléaire de la Terre, des scientifiques cherchent à établir un chemin temporel avec le futur pour transporter des vivres et des médicaments. Il s’agit d’ « appeler le passé et l’avenir au secours du présent ». Chris Marker, qui signe ici son huitième métrage, nous présente un drame fantastique qui traite de la mémoire et de l’écoulement du temps.

La Jetée est un diaporama de photos en noir et blanc, savamment montées de manière à ce que notre esprit comble les trous, rajoute le mouvement qui manque, donne aux images la fluidité qui en fait un film. La voix de Jean Négroni et la musique de Trevor Duncan participent pleinement à cette reconstitution des souvenirs. Les photos sont utilisées comme des facettes du passé qui resurgissent de manière tronquée, désordonnée, comme le fera vingt ans plus tard Alain Resnais avec Je t’aime je t’aime.

Chris Marker créée une œuvre poétique et pleine de grâce sur le temps qui passe et qui ne revient pas. Que reste-t-il alors? Il reste la science-fiction, l’expérience du voyage temporel et le destin de l’humanité. Et La Jetée  reste dans la postérité des œuvres de cinéma à part entière, aux côtés d’Un Chien andalou et de Nuit et brouillard… On ne peut donc s’en passer.

 

Aimée Le Roux

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